[Lycéee de Mezzouna] Ce qui devait être un matin banal de printemps à Mezzouna s’est transformé en tragédie nationale. Le mur du lycée s’est effondré sans prévenir, emportant dans sa chute la vie de lycéens et plongeant toute la région dans le deuil et l’incompréhension. Entre larmes, colères et interrogations légitimes, les citoyens attendaient des réponses, des mesures, des explications rationnelles.
C’est alors que le Président Kaïs Saïed, auréolé de sa sagesse antique et escorté par la brise mystique de Carthage, fit une descente impromptue sur les lieux du drame, vêtu de son costume noir de circonstance, ses sourcils froncés comme les nuages annonçant la grêle.
Dès son arrivée, après avoir salué le palmier municipal et récité la Constitution sur le trottoir, le Président lança, le regard vers le ciel :
« Ce n’est ni l’érosion, ni la négligence, ni l’absence d’entretien. Mes chers citoyens de Mezzouna, il est temps d’ouvrir les yeux : c’est un acte de sabotage orchestré par le Mossad… avec l’aide des extra-terrestres ! »
Un murmure incrédule parcourut la foule. Une vieille déclara avoir vu une lumière étrange dans le ciel la veille. Un vendeur de brik confirma que sa parabole avait capté une fréquence suspecte sur El Wataniya 2. Encouragé, Kaïs poursuivit :
« Ce mur, comme tous les murs porteurs de la République, est symbolique. Et lorsqu’on attaque un mur, on attaque l’État ! Ce n’est pas une simple brique tombée, c’est une guerre psychologique contre notre souveraineté éducative ! »
Face aux visages ahuris, il sortit de sa poche une feuille de figuier — symbole de transparence dans le folklore sfaxien — pour illustrer « l’invisibilité des ennemis ». Il expliqua que l’effondrement s’était produit exactement à l’heure où Mercure entrait en rétrogradation, preuve selon lui d’un alignement cosmique malveillant.
Des hauts cadres du gouvernorat, pris de panique, commencèrent à feuilleter la Constitution à la recherche d’un chapitre sur les attaques interstellaires. Pendant ce temps, des jeunes scandaient « Tal3a fil kosmos y’a Président ! », convaincus qu’une navette spatiale portant l’emblème du croissant sioniste allait bientôt être interceptée au-dessus de Menzel Bouzaiane.
Mais le Président ne s’arrêta pas là. Il annonça la création immédiate d’une Commission Nationale de Surveillance des Murs Scolaires et des Ondes Extra-Terrestres (CNSMSEOET), composée de retraités de l’armée, d’un imam, et d’un berger qui a déjà vu une météorite de ses propres yeux en lisant sa sainte constitution.
Avant de repartir, il déclara avec gravité :
« Les martyrs de Mezzouna ne seront pas oubliés. Leur sacrifice a révélé une vérité que les élites veulent taire : nous sommes attaqués, non pas seulement par la corruption, mais par des civilisations entières jalouses de notre modèle constitutionnel ! »
La voiture présidentielle s’éloigna dans un nuage de poussière, pendant qu’un enfant tenait un panneau : « Kaïs, construis un dôme au-dessus de nos écoles ! »
Note de la rédaction : Depuis la visite, la municipalité a lancé un chantier pour reconstruire le mur avec du zlebia renforcée et a installé des antennes artisanales pour intercepter toute onde suspecte. Le peuple veille. Le Président aussi. Et les étoiles tremblent.